La journée s’achevait et s’était avérée longue et éreintante. Byron n’aspirait à présent qu’à une chose, faire un tour au club pour se détendre, emprunter un quelconque ouvrage, fumer un bon cigare et peut-être échanger avec quelques individus de la haute.

Alors que le soir tombait et que la température se rafraichissait, il décida avant tout de rentrer chez lui se changer et se doter d’une tenue un peu plus de circonstances. Il enfila un costume composé d’une redingote et d’un gilet assorti sur une chemise blanche impeccablement repassée complétée d’un nœud Windsor et s’équipa de la montre à gousset en argent qui avait autrefois appartenu au Marquis son Père. Prenant également ses gants et son haut de forme en feutre noir, il était fin prêt à se rendre à destination.

A bord du fiacre qui le transportait de son domicile au club, Byron prenait tout le temps de réfléchir au programme de la journée qui venait de s’achever. Cependant, son esprit n’eut guère le temps de vagabonder bien loin, car la distance parcourue n’était pas si importante.

Arrivé au club, il salua le portier qui l’accueillit en se chargeant de sa veste et de son chapeau comme s’il s’agissait d’un vieil ami. L’atmosphère était chargée d’élégance et de sophistication. A l’entrée, un hall spacieux décoré de tapisseries et épaisses accueillait les membres et invités. Byron, comme à son habitude passa devant le fumoir et le bar pour se rendre immédiatement à la bibliothèque. La lumière y était feutrée, soigneusement pensée pour crée une ambiance chaleureuse et confortable. Equipée de fauteuils rembourrés, de tables basses pour la lecture, et d’étagères remplis de journaux, romans, recueils de poésie et essais de philosophie, la salle offrait une large gamme de divertissements ou d’informations.

Après avoir passé quelque temps en compagnie d’un livre qu’il affectionnait particulièrement, Byron décida de se rendre au bar. Celui-ci était garni d’une variété de spiritueux, vins et liqueurs diverses. Prenant délicatement le verre à whisky que le barman venait de lui servir dans un verre à cristal taillé, il le porta à ses narines, fermant les yeux pour savourer les arômes qui s’en échappaient et éveillaient ses sens. Portant le liquide ambré et frais à ses lèvres il en avala une gorgée, laissant whisky réchauffer son corps de l'intérieur.

Après quelques longues minutes à apprécier la chaude sensation que lui procurait l’alcool qui se diffusait dans son corps et semblait prendre possession de tous ces sens, Byron laissait son esprit vagabonder ça et là, songeant en partie à ses obligations de marquis en la gestion du domaine, et d’autre part à une invitation qu’il venait de recevoir au vernissage d’une galerie d’art dit « moderne » qui venait d’ouvrir il y avait peu.

Il venait à peine de demander un second verre qu’un homme ayant à vue de nez foncièrement le même âge que lui s’installait à ses côtés au bar et commençait à engager la conversation.

Le jeune marquis resta quelques seconds silencieux, prenant un très court instant pour parcourir du regard le visage de son voisin qu’il ne semblait reconnaitre de nulle part. La prise de parole de ce dernier cependant lui sembla sympathique, et d’une poigne ferme il répondit à son salut.

Byron Seymour, déclara-t-il à son tour, un subtil sourire au coin des lèvres, ne jugeant pas nécessaire à ce stade de la rencontre d’en dévoiler plus sur son identité au Duc.

Poursuivant la conversation, il ajouta, Je n’ai guère et l’occasion de faire l’essai du Whiskey américain, encore moins d’en visiter le continent. Peut-être avez-vous eu cette opportunité ?

Un sourire poli éclaira son visage.
Enchanté de faire votre connaissance votre Grâce, ajouta-t-il avec une courtoisie naturelle à l’encontre de son interlocuteur avec les égards dus à son rang.

Alors que les flammes dansaient dans la cheminée, l’atmosphère du club devenait plus intime entre ces deux hommes dont le hasard avait guidé la rencontre. Byron se montrait très interessé à l’idée d’en savoir plus sur les connaissances du Duc de Gordon quand à sa familiarité des Amériques.